La philatélie, c'est une question de mots !
Paris, 15 novembre 1864
Georges Herpin n'est pas un dilettante. C'est même un collectionneur tellement sérieux qu'il entend désigner sa passion pour les timbres-poste par un mot juste et savant. C'est ainsi que dans Le collectionneur de timbres-poste qui est paru ce 15 novembre 1864, il publie sous le titre de "baptème" un article qui débute par une question : "N'est-il pas étrange que depuis six ou sept ans que l'on s'occupe de l'étude et de la recherche des timbres-poste on n'ait pas encore songé a donner un nom à cette attrayante occupation qui fait le bonheur des uns et la fortune des autres ?" Après avoir écarté le "terme légèrement injurieux" qu'est à ses yeux "timbromanie", il propose le néologisme "philatélie", forgé à partir des grecs philos (ami) et ateleia, un mot qui, selon lui, se rapporte à l'affranchissement (donc aux timbres-poste). Mais Georges Herpin fait une petite entorse à l'étymologie ... En effet, ateleia désigne l'exemption d'impôts ou de charges, soit la franchise et non l'affranchissement ! Et les héllénistes d'observer que Georges Herpin eût été mieux inspiré en oubliant ateleia et en prenant telos (taxe, droit), ce qui aurait alors donné "philotélie", terme que les Grecs ne manquerons pas de tenter de lui opposer. La plus célèbre revue philatélique grecque, que lancera en janvier 1924 Stephanos Macrymichalos, s'appellera précisément philotelia. il n'empêche que le contresens de Georges Herpin s'imposera progressivement, sera repris partout dans le monde et rendra caducs "timbrologie", "timbrophilie" et autres "timbromanie" . . . Et quant au très regretté "philotélie", il sera pour la Grèce le souvenir d'une bataille perdue.

Georges Herpin : un zéro pointé en grec ?